Si la pandémie rend la distanciation physique nécessaire, il est impérieux de la compenser dans nos propos par plus de proximité, donc plus de sincérité. Propos sur soi, sur ses choix de vie, propos sur le bonheur, et le malheur, aussi, l’éveil spirituel. Comment s’entourer et se préserver, comment oser, privilégier le présent, faire le bien ?… La seule leçon à retenir de ces temps tristement insolites est en effet : plus de partage, plus de générosité envers autrui.
Sandrine de Montmort, à travers son site internet sandsab.com, conçu dès l’origine comme une aide pour traverser les épreuves de la vie, transmet déjà de façon bénévole sa quête du mieux-être à travers ses interviews de thérapeutes, de médecins, de philosophes, de coach, d’astrologues et ses recommandations de lectures. Avec son livre Vivre pour apprendre, elle témoigne avec beaucoup d’humilité et d’humour, «On perd un temps fou à essayer de se faire aimer !», pour aider ses lecteurs à devenir… une meilleure personne. Vaste projet.
L’autrice l’aborde à travers douze chapitres, comme douze conversations de qualité au cours desquelles, de sa voix singulière et juste, elle nous livre son expérience. Fruit de ses lectures variées (de Nelson Mandela, «Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends», à Lao Tseu, «Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras son cadavre passer»), des conférences TEDx auxquelles elle a assisté et, bien sûr, de ses rencontres marquantes… S’accepter, oser, transmettre ses expériences à autrui sans cacher ses échecs (on ne dira jamais assez qu’ils sont là pour nous faire progresser) ou ses malheurs. Sandrine de Montmort revient sur le décès de son bébé âgé de 4 mois qui a forgé sa quête spirituelle, et changé son rapport à la mort, sujet tabou. Elle rappelle la nécessité du temps de la tristesse, «Être malheureux n’est pas honteux. J’ai trop fait semblant d’aller bien.» En effet, «on ne triche pas avec son deuil, parce que sinon, il vous rattrape.» Aller vers autrui, faire le choix d’aider l’autre (l’ami d’ami que l’on ne connaît pas forcément, un internaute…), pour trouver sa place dans une communauté d’âmes. Cela implique de développer ses intuitions, ses enthousiasmes.
Au fur et à mesure de la lecture de Vivre pour apprendre, nous sommes gagnés à notre tour par la conviction de l’autrice qu’il nous est possible de devenir meilleur en devenant pleinement soi, à notre façon. Transformer ses fêlures en forces. Sortir de ses peurs (pourquoi pas par l’hypnose, antidote à la peur qui elle-même hypnotise) : «C’est grâce aux peurs qu’on se met en sécurité depuis l’histoire de l’humanité.» Sandrine de Montmort nous incite à nous interroger : nos peurs sont-elles toujours d’actualité ? Si la réponse est non : passons à l’action ! Bien loin des egolâtries envahissantes de l’autofiction, cette historienne de formation, qui a consacré plusieurs années de sa vie à Maupassant («J’écris parce que je comprends et je souffre tout ce qui est», se confiait-il), vit et écrit au présent. Une résilience a été possible pour elle. Et elle sait aussi qu’au présent, bien s’entourer et se protéger au quotidien nous rendra plus fort. Les remarques faussement anodines, les critiques récurrentes (cette ironie à la française ?) nous fragilisent. C’est «un travail de sape», «comparable à la succession de concussions légères lors d’un sport de combat». S’ensuivent des conseils bien utiles pour avoir confiance en soi, avec la spirale positive que cette confiance implique. Tout part de l’estime de soi, fruit de l’amour de ses parents. Si l’on en a manqué, partons de la fierté, directement ancrée dans ce que l’on a accompli soi-même. «Le héros de votre vie, c’est vous, le sauveur aussi !», « Ne croyez pas qu’un tiers détient la vérité. » Et pourtant, tout est tellement vrai, dans ce livre.
«Vivre pour apprendre», de Sandrine de Montmort (éd. Fauves, 160 pages).
Judith Housez